« J’ai
rencontré Brownie dans le vague grenier d’un improbable aïeul,
abandonné depuis de nombreuses années.
Il
m’a tout de suite interpellé avec sa bakélite noire, son regard
de cyclope, sa visée de myope.
J’ai
demandé à Brownie s’il voulait sortir voir le monde avec moi.
Et
comme le dit la réclame: " l’essayer
c’est l’adopter ".
Et
comme ça nous nous sommes promenés.
Et
comme ça nous nous sommes appréciés.
J’ai
aimé sa simplicité, sa mobilité, sa légèreté, sa rapidité, sa
discrétion, sa façon de ne pas se prendre au sérieux, sa capacité
d’étonnement et d’incrédulité qu’il suscite chez les autres.
Brownie
est un compagnon intuitif, intrépide et spontané qui sait prendre
des risques, est capable d’accepter le déchet, une part de hasard,
d’apporter de la surprise et donc souvent de la déception et
parfois de l’enthousiasme.
Il
a du mal avec tout ce qui est fixé par avance, trop organisé, trop
attendu.
Bien
souvent il ne vise pas, se laisse tenir à bout de bras, en l’air
ou en bas, coincé entre trois valises et deux sacs, collé contre
une vitre de train ou de camion.
Il
me suit dans tous mes déplacements.
On
aime le mouvement.
Souvent
on s ‘amuse à reléguer le réel au statut de fantasme.
On
joue.
On
cherche des images sensations qui espèrent débusquer la poésie
masquée par le quotidien, la routine, le gris de la vie. »
Pierryl
Peytavi
Né
en 1970, Pierryl Peytavi vit à Montpellier. Après une Maîtrise
d’Histoire et du Patrimoine et plusieurs années de pratique de la
sculpture, il se consacre à la photographie en 2003. Sa pratique
photographique peut être définie comme une photographie de la
myopie. Avec la myopie extrême on ne sait plus ce qui est défini
ou indéfini; ce qui est de l’ordre de la réalité ou de
l’illusion. La frontière floue, le passage entre les deux se
déclinant en « image-sensation ».
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